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Sarreguemines

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La Faïencerie de Sarreguemines : Un Héritage d’Excellence et d’Innovation

Fondée en 1790, la Faïencerie de Sarreguemines s’est imposée comme l’une des plus prestigieuses manufactures céramiques de France. Pendant plus de deux siècles, elle a marqué l’industrie et l’art de la faïence par son innovation, son expansion et son rayonnement international.

Les Origines : Une Manufacture au Bord de la Sarre

En 1790, les frères Jacoby, négociants en tabac originaires de Strasbourg, s’associent à Joseph Fabry pour fonder une manufacture de faïence à Sarreguemines, en Moselle. Ils installent leur atelier dans un ancien moulin à huile, un emplacement stratégique en bord de Sarre, offrant un accès facilité aux matières premières et aux réseaux de transport.

L’Ère de Paul Utzschneider : Modernisation et Rayonnement

En 1800, la direction est confiée à Paul Utzschneider, un Bavarois visionnaire qui révolutionne la production. Il adopte les techniques anglaises, remplace le bois par la houille pour alimenter les fours et diversifie les gammes de produits. Ces avancées permettent à la manufacture de se distinguer sur la scène internationale, notamment en recevant des commandes prestigieuses de Napoléon Ier et en obtenant des distinctions lors d’expositions industrielles.

Expansion et Industrialisation sous Alexandre de Geiger

En 1836, Alexandre de Geiger, gendre d’Utzschneider, prend la tête de l’entreprise. Grâce à une association avec les familles Villeroy & Boch, il bénéficie d’un soutien financier important, facilitant une expansion industrielle majeure. De nouvelles usines voient le jour, la production se mécanise, et la manufacture devient l’une des plus grandes d’Europe, employant jusqu’à 3 000 ouvriers.

Les Guerres et leurs Conséquences

L’annexion de la Moselle par l’Allemagne en 1871 pousse la famille de Geiger à ouvrir des succursales en France, notamment à Digoin et Vitry-le-François, afin de contourner les barrières douanières.

Après la Première Guerre mondiale, l’entreprise est réunifiée sous le nom Sarreguemines-Digoin-Vitry-le-François. Pendant la Seconde Guerre mondiale, la faïencerie est placée sous séquestre et gérée par Villeroy & Boch, avant de retrouver son indépendance après la Libération.

Déclin et Fermeture : La Fin d’une Époque

Les années 1970 marquent un tournant décisif. En 1978, l’entreprise est rachetée par le groupe Lunéville-Badonviller-Saint-Clément. Un an plus tard, en 1979, la production de vaisselle est abandonnée au profit du carrelage.

Malgré plusieurs tentatives de relance, la manufacture dépose le bilan en 2002 et cesse définitivement ses activités en 2007, mettant un terme à 217 ans d’histoire industrielle.

Un Patrimoine Toujours Vivant

Bien que la manufacture ait disparu, son héritage est préservé à travers plusieurs initiatives :

  • Le Musée de la Faïence de Sarreguemines : Installé dans l’ancienne demeure de Paul de Geiger, il retrace l’histoire de la manufacture et expose une riche collection de pièces, témoignant de la diversité et de la qualité de la production sarregueminoise.
  • Le Jardin d’Hiver : Construit entre 1880 et 1882, ce chef-d’œuvre architectural est orné de faïences issues de la manufacture, illustrant le talent des artisans de l’époque.
  • Collections Privées et Publiques : De nombreuses pièces de Sarreguemines sont conservées dans des musées et collections du monde entier, perpétuant son influence sur l’art céramique.

Une Marque Indélébile dans l’Histoire de la Céramique

La Faïencerie de Sarreguemines reste une référence incontournable dans l’histoire de la céramique française. Son parcours, fait de périodes fastes, d’innovations et de défis, illustre la capacité d’adaptation et la résilience d’une entreprise face aux bouleversements économiques et politiques des XIXᵉ et XXᵉ siècles.

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