La Faïencerie de Pexonne : Deux Siècles d’Excellence et d’Héritage
Située en Lorraine, la Faïencerie de Pexonne compte parmi les plus anciennes manufactures de la région. Forte d’une histoire de plus de deux siècles, elle a traversé les époques en marquant de son empreinte l’industrie céramique française.
Les Premiers Pas : De la Fondation aux Premiers Développements (1715-1828)
C’est vers 1715 que François-Alexandre François et Charles-Antoine Cornet installent une manufacture de faïence à Pexonne, occupant un ancien monastère au lieu-dit l’Étang de Pexonne. L’activité est officiellement reconnue en 1720 grâce à l’autorisation du duc Léopold de Lorraine.
Au fil des décennies, la manufacture change plusieurs fois de mains. Parmi ses propriétaires successifs figurent Jacques Chambrette, Léonard Vallet, Pierre Pélissier, Martin Chatrian et François Gallot. Chacun d’eux contribue à l’essor et à la notoriété de l’entreprise, faisant évoluer les techniques et la production.
L’Âge d’Or sous la Famille Fenal (1828-1897)
En 1828, Nicolas Fenal (père) et Antoine Sigisbert Pacotte rachètent la faïencerie, se partageant les parts à parts égales. Huit ans plus tard, en 1836, Nicolas Fenal devient l’unique propriétaire et diversifie la production, intégrant à la faïence commune et fine de nouveaux produits comme des briques, des tuiles et des poêles en faïence.
À la mort de Nicolas Fenal (père) en 1857, ses fils prennent le relais et fondent la société « Fenal Frères » (marque FF, Pexonne). Ils modernisent les infrastructures et introduisent en 1870 de nouveaux fours permettant la fabrication de faïence fine, aussi appelée porcelaine opaque.
Mais en 1897, des dissensions internes provoquent un tournant décisif : Théophile Fenal quitte l’entreprise pour fonder sa propre manufacture à Badonviller, instaurant une concurrence directe avec la faïencerie de Pexonne.
Déclin et Fermeture : Les Épreuves du XXᵉ Siècle (1897-1954)
La manufacture traverse le XXᵉ siècle en surmontant plusieurs défis majeurs.
- Première Guerre mondiale : L’usine subit des dégâts importants mais parvient à être reconstruite et modernisée après le conflit.
- Seconde Guerre mondiale : Un drame frappe Pexonne le 27 août 1944, lorsque les forces allemandes déportent 112 hommes, dont Maurice de Vitry, alors dirigeant de la faïencerie, et son fils Guy. Cette tragédie affecte profondément l’entreprise.
Affaiblie par ces épreuves et des difficultés économiques croissantes, la manufacture cesse définitivement ses activités en juillet 1954. Seule la tuilerie associée poursuit son activité jusqu’en 1979.
Un Héritage Toujours Vivant
Malgré sa fermeture, la Faïencerie de Pexonne continue d’exercer une influence durable. Ses créations en faïence fine et terre de fer sont aujourd’hui recherchées par les collectionneurs, témoignant du savoir-faire artisanal qui a marqué l’histoire de la région.
Des institutions, comme le Musée Atelier Céramique et Verre de Badonviller, conservent et exposent des pièces issues de la manufacture, perpétuant ainsi la mémoire de cette grande aventure industrielle et artistique.